Interview de Stépane Clor musicien du groupe Nuits de Strasbourg lors de la résidence Aposiopèse du 3 au 7 octobre et la présentation publique du projet le vendredi 7 octobre, toujours au planétarium.
En partenariat avec À Vau-l’eau, résidence artistique à Arçais (marais poitevin) et en coproduction avec Jazz à Poitiers
avec Tom Malmendier : batterie, objets / Emilie Škrijelj : accordéon,
samples, synthétiseur / Armand Lesecq : traitements, spatialisation /
Stéphane Clor : violoncelle, samples.
Aposiopèse : action de s’interrompre en parlant ou de cesser de
parler, silence interruption brusque du discours, traduisant une émotion
ou une hésitation.
Ce projet est à la croisée de la création musicale avec le Groupe
Nuit, l’approche scientifique, en l’occurrence, la bio acoustique et
l’observation de notre environnement proche. Il vise à nous immerger
dans un paysage sonore qui porte nos marques, celles de l’activité humaine. Et nous permet de constater avec un minimum d’attention sur les conséquences sur la
biodiversité : les nuisances sonores altèrent le fonctionnement des
écosystèmes pouvant aller jusqu’à tuer des animaux, ou empêcher leur
reproduction. Un exemple des plus explicites est le changement de
registre de certains oiseaux, poussant leurs chants dans des fréquences
plus aiguës pour rester perceptibles, quand ceux-ci n’essayent pas tout
simplement de s’égosiller pour se faire entendre.
« Tout au long du xxe siècle, des hommes ont parcouru le monde
afin de capter des curiosités sonores pour des raisons scientifiques,
patrimoniales et esthétiques. Ce sont des audio-naturalistes, des
collecteurs de musique traditionnelle, mais aussi des compositeurs
avides de découvrir un nouveau matériau musical. Les microphones sont
leurs outils, voire leurs instruments, l’écoute est leur méthode
d’approche. En sortant du studio, ils prennent le risque de se
confronter à l’imprévisible, à l’incontrôlable, au fragile parfois. Ils
se nomment Alan Lomax, Chris Watson ou encore Luc Ferrari. »(Alexandre Galand// »Field Recording L’usage sonore du monde en 100 albums »)
Le travail de Nuits s’inscrit dans cette démarche qui place l’écoute
patiente et attentive en bonne place dans le processus de création.
Ce cheminement rend également possible des connivences avec des
territoires (Marais poitevin), et des structures culturelles à tailles
humaines (Jazz à Poitiers, Lieu multiple, À Vau-l’eau). C’est donc
l’occasion de jouer sur ces inévitables mouvements, mutations,
transformations qui vont caractériser notre avenir pris dans un
processus d’accélération des détériorations résultats de notre
inconscience, aveuglement et surdité de ces dernières décennies.
Aposiopèse nous amène à reconsidérer notre écoute au monde et ainsi
entendre la magnifique « cacophonie » pleine de sens et de messages à
notre adresse.
INterview et montage sonore: Patrick Tréguer pour le Lieu multiple.
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