Podcast de la conférence de Amaury da Cunha qui a eu lieu le 22 septembre à l’Espace Mendès France. Amaury da Cunha est écrivain, critique littéraire au journal Le Monde et photographe. Parmi ses livres, Basse lumière, (éd. Filigranes, 2018), Histoire souterraine (éd. Le Rouergue, 2017) et Fond de l’œil (éd. Le Rouergue, 2015).
La photographie, telle que je le pratique, n’a jamais cessé d’être pour moi une sidérante machine à contradictions. Elle provoque un arrêt du temps qui ne suscite pas de nostalgie, mais la sensation d’un présent qui s’étire au-delà de lui-même. (Le cinéaste et écrivain, Alain Robbe-Grillet, rappelait que, dans “l’image, les verbes sont toujours au présent.”)
Je photographie comme si je commettais une effraction, mais j’ai, en même temps, le sentiment de recueillir quelque chose qui m’est offert par le hasard. Elle met en branle un désir qui ne peut s’accomplir qu’en mettant l’intention à distance.
L’aubaine jouissive : photographier ce qu’on avait pas prévu de voir.
L’image, toujours vers le dehors — c’est sa condition d’existence — poursuit aussi son voyage à l’intérieur de nous-mêmes pour retrouver son milieu d’origine : celui des idées et des rêves.
Une photographie est une cachette, une peau morte, une surface sensible, une trouée, ou une impasse. Sa double postulation est fascinante. C’est ce que j’essaierai d’explorer à partir des photographies que j’ai prises et des textes écrits dans son mystérieux sillage.
Dans le cadre du cycle de conférences Inventions esthétiques de la photographie au XXe siècle, en partenariat avec le master littératures et culture de l’image (LCI), université de Poitiers. Sous la direction scientifique de Anne-Cécile Guilbard, maître de conférences en littérature française et esthétique, université de Poitiers.
Crédit photo : Amaury da Cunha, Wellington, janvier 2020, extrait de la série Pays perdu.
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